Juan ALVAREZ CESPEDES : Souvenir véritable et mémoire constructive : enjeux pour le causalisme et le simulationnisme

Cette thèse réunit cinq articles originaux et indépendants portant sur le souvenir véritable, la mémoire constructive et le débat entre causalisme et simulationnisme. Son objectif unificateur est d’évaluer ces théories majeures du souvenir véritable à la lumière de cas qui montrent comment le souvenir, en tant que processus constructif, peut être façonné par des ressources extracrâniennes et interagir avec l’imagination. Le chapitre 1 examine des cas de réapprentissage et soutient que l’idée selon laquelle aucun cas de réapprentissage ne saurait être qualifié de souvenir véritable ne découle ni du simulationnisme, ni du causalisme distribué, ni du minimalisme des traces. 

Le chapitre 2 traite des souvenirs de la petite enfance et affirme que les conceptions causaliste et simulationniste rencontrent toutes deux des difficultés importantes : la première peine à intégrer les facteurs socioculturels qui influencent le souvenir et le développement de la mémoire, tandis que la seconde souffre d’une tension interne—son explication du souvenir véritable abandonne le modèle de la mémoire fondé sur l’encodage, le stockage et la récupération, alors que sa perspective de l’amnésie infantile repose sur ce même modèle. 

Le chapitre 3 explore des cas d’extension mnésique, rejette l’idée selon laquelle le causalisme serait compatible avec l’hypothèse de la cognition étendue, et soutient que la version fondée sur la complémentarité de cette hypothèse est incompatible avec le causalisme constructif. 

Le chapitre 4 s’intéresse à la relation entre mémoire et imagination, rejette l’engagement du simulationnisme en faveur de l’idée selon laquelle mémoire et imagination ne diffèrent pas en nature, et défend une version du simulationnisme qui soutient que mémoire et imagination sont distinctes en nature. L’Annexe propose un aperçu du débat entre causalisme et simulationnisme ainsi que de ses liens avec d’autres discussions en philosophie de la mémoire, avec une attention particulière portée à la version du simulationnisme proposée par Felipe De Brigard. 

Ce travail suggère que, dès lors que l’on prend au sérieux le fait que le souvenir, en tant que processus constructif, peut être façonné par des ressources extracrâniennes et mis en relation avec l’imagination, une série de défis se pose pour ces deux grandes théories du souvenir véritable.