Voisinage et institutions. Vers une politique de l'étranger

Dans un article paru en 2022 aux Études phénoménologiques, à partir d’une enquête sociologique sur la vie quotidienne des demandeurs d’asile, j’ai esquissé une éthique de l’attention, pensée comme un mode d’hospitalité (https://hal.science/hal-03547517v1/document). Cette tentative – inspirée de l’œuvre de Bernhard Waldenfels – avait pour enjeu de sortir d’une éthique de l’Autre, unilatérale, et de penser une éthique responsive. C’est-à-dire une éthique qui permette de penser les conditions de création d’un commun, à partir du partage de ce qui n’appartient en propre à personne : l’attention. Dans cette communication, en repartant des avancées de cet article, je proposerai les premières tentatives d’une conceptualisation du voisinage – avec l’idée de proposer une politique responsive de l’étranger. Le voisinage se donne à percevoir à la fois comme espace topographique, comme manifestation de liens sociaux, comme ambiance, comme espace de potentialités, etc. On peut le concevoir comme tout ce qui se situe « à portée », perceptible à travers les cinq sens. Cette portée désigne la « capacité de charge ou la distance à laquelle porte une chose » (Isaac Joseph, L’athlète moral et l’enquêteur modeste, p. 447). Je poserai alors deux questions : dans quelle mesure la portée des choses peut procurer une portance (Emmanuel de Saint-Aubert) pour les voisins qui s’engagent dans le voisinage ? Peut-on, à partir du voisinage, institutionnaliser une éthique de l’attention ? Pour y répondre, je croiserai l’approche phénoménologique qui m’a permis de proposer une éthique de l’attention avec une philosophie pragmatiste, héritée de John Dewey, qui me permettra d’insister sur l’expérimentation propre au voisinage.