Aller au contenu principal

Mohamad Moustafa ALABSI : Exception, normativité et unité politique : l’Etat et son ennemi au Moyen-Orient, entre le démembrement de l'empire ottoman et l'apparition de l’Etat islamique

Soutenance

Le 17 février 2020

Membres du jury :
 
M. Thierry MENISSIER  Université Grenoble Alpes  Directeur de thèse
M. Eligio RESTA   Université Roma Tre  Co-directeur de thèse
M. Makram  ABBèS   ENS de Lyon  Examinateur
M. Alessandro ARIENZO  Université de Naples - Federico II  Rapporteur
M. Jean-Vincent HOLEINDRE   Université Paris 2   Rapporteur
Mme Leyla DAKHLI  CNRS  Examinateur


Résumé :
A la lumière de la guerre civile en Irak et en Syrie, la réflexion de ce travail de thèse s’interroge sur la question de ‘légitimité’ et tourne autour le rapport entre l’ordre et le droit et la crise théorique et pratique de la normativité au sein du système étatique et constitutionnel des Etats du Moyen-Orient. Cette thèse se situe donc aux frontières indéterminées et incertaines de la logique du droit et de sa fonction organisatrice, car elle oscille entre le champ méthodologique de l’ordre et le champ expérimental de l’observation de l’exception et de l’indétermination. En effet, l’étude d’un contexte post-étatique -ou pré-étatique- nécessite la mobilisation de théories et de concepts issus du territoire de l’exception, ceci rend inévitable de se trouver au carrefour de plusieurs disciplines et de plusieurs domaines académiques. La rupture territoriale en Irak et en Syrie et la disponibilité spatiale pour la rébellion imposent une visibilité et une historicité de l’état de nature que traduit cette guerre civile et transfrontalière. Devant ces événements, les présupposées juridiques du caractère finalisé de l’Etat et de la continuité de l’ordre constitutionnel en sortent profondément ébranlées, ce qui rappelle, surtout sur le plan méthodologique et doctrinaire, les deux conceptions de l’ordre, celle du temps normal attribué à Hans Kelsen et celle du temps d’exception attribuée à Carl Schmitt. Ainsi notre texte de thèse se divise-t-il en trois parties : La première porte sur le statut juridique de l’Etat à partir de la norme internationale de la reconnaissance interétatique. Ceci nous a permis de décrire la fragilité de l’ordre spatial lorsque s’opposent diverses conceptions de la légalité et de la norme. Avec Hans Kelsen, chez qui se dessine une conception interne et externe de la norme pure et de la fonction nomologique du droit, nous avons voulu mettre en lumières les contradictions profondes de l’ordre concret au levant avec les présupposées théoriques et abstraites de l’Etat constitutionnel. Dans notre deuxième partie, où il s’agit de ‘rupture métaphysique et spatiale’, nous avons fait recours à la pensée de Carl Schmitt, chez qui la légitimité ne se réduit pas à la légalité ni l’Etat à la constitution. Le Moyen-Orient moderne offre une illustration concrète des concepts schmittiens. D’abord par la contradiction des données de cet ordre interétatique avec celui du Jus publicum europaeum, produit de l’ordre spatial et physique européen, puis en raison de la rupture totalitaire durant laquelle l’Etat se réduit au Parti et le politique à la religiosité et à l’unicité. Le destin de l’Etat post-totalitaire, tel celui de l’Irak et de la Syrie, invoque également les travaux d’Arendt sur le totalitarisme et ceux de Gauchet sur la métaphysique de l’unité et l’expression politique du phénomène religieux. En fait, la Potestas indirecta, notion hobbesienne et schmittienne, pourrait expliquer à l’occasion de cette crise de l’unité les logiques de continuité et de rupture dont il est question chez ces trois auteurs. A la lumière de cette association théorique, nous définissons l’Exception comme la crise de la Décision et non comme l’appel de recouvrement sollicitant la Décision. Notre troisième partie porte sur le Katechon, le principe théologico-politique de la continuité et de la conservation. Nous définissons d’abord la valeur conceptuelle de cette notion chez Hobbes et chez Schmitt, puis nous la prolongeons à la condition hégélienne de la société civile et aux aspirations actuelles des sociétés arabes au sujet du changement politique. Cette partie revient d’abord sur la crise de légalité, plutôt que de légitimité, qui caractérise le projet politique islamiste (surtout l’islamisme modéré). Puis elle évoque le nominalisme politique et le rapport dialectique qu’il définit entre idées et action d’une part et projet de changement de l’autre.

Date

Le 17 février 2020
Complément date
13h30

Localisation

Complément lieu
Bât. Michel Dubois - SHS
Salle des Conférences "Annie Génovèse"
1251 avenue Centrale - 38400 Saint Martin d'Hères
 

Publié le 4 février 2020

Mis à jour le 4 février 2020