Généalogie de l'innovation comme discours « techno-politique » et perspectives critiques depuis la philosophie de Simondon

La notion d’innovation est partout dans notre société, valorisée tant par les institutions publiques que par les acteurs privés. Elle irrigue un imaginaire partagé où technique, économie et conception marchent main dans la main, représentant l’horizon héroïque du progrès humain et social, pleinement intégrées aux logiques consommatoires et productives du marché et incarnées par la figure de l’ingénieur-entrepreneur de génie. De nombreux travaux ont déjà interrogé les conséquences de cet imaginaire sur les conditions de subjectivation contemporaine, tant dans une perspective politique générale que dans l’optique des conditions de la conception pour les
ingénieurs. 

Cette intervention souhaite revenir plus précisément sur la façon dont l’innovation, en se constituant comme discours global, exprime et configure tout à la fois un certain état des rapports entre technique et politique, une certaine forme de représentation de la technique et de sa signification pour les conditions d’organisation collectives. Par un examen généalogique, elle tentera d’établir la manière dont le discours de l’innovation établit un certain type d’imaginaire technique global, avant d’en confronter critiquement les limites à la philosophie de Simondon. 

Il s’agira alors d’établir si un concept renouvelé d’innovation peut – ou non – présenter un intérêt pour penser de manière positive le lien entre politique et technique.