La Gouvernance des communs

Dans son ouvrage "Governing the Commons" publié en 1990, Elinor Ostrom remet en question la théorie de Garrett Hardin en démontrant empiriquement que les individus sont capables de trouver des solutions pour organiser et gérer collectivement les ressources communes grâce à des méthodes de gouvernance communautaires. Notamment, Ostrom démontre que la coopération entre individus pour une gestion efficace des communs repose sur huit principes d'agencement. Ces règles, qui concernent aussi bien la gestion collective des ressources que le droit des usagers à y participer activement, ouvrent la voie à une approche décentralisée de la gouvernance où de multiples centres de décision se juxtaposent les uns aux autres, en conservant une autonomie. Or, que ces centres fonctionnent de manière réellement indépendante ou qu'ils forment un système interdépendant de relations est une question qui nécessite une étude approfondie. En effet, et bien que les principes de gestion mis en avant par Ostrom semblent favoriser la décentralisation et la démocratisation des institutions, leur interprétation demeure complexe. Nous proposons donc d'aborder la question de la gouvernance des communs à travers des perspectives multiples. Aussi bien, d'une part, à la lumière des travaux sur le dépassement du « nouveau management public » qui applique à la gestion du secteur public les techniques de gestion du secteur privé, qu'à la lumière des travaux de Proudhon sur le principe fédératif ; ou encore par le biais des possibilités démocratiques offertes par les coopératives ouvrières et les assemblées délibérantes régies par mandat impératif. Pour entamer cette réflexion, nous nous inspirons de l'ouvrage de Thomas Perroud, intitulé "Services publics et communs. À la recherche du service public coopératif", Lormont, Éditions du Bord de l'eau, 2023.

Organisation : Marc Tilly