La vérité avec et après Foucault

La publication du livre de Pascal Engel, Foucault et les normes du savoir (Eliott, 2024), donne l’occasion de revenir sur le statut de la vérité chez Foucault. Dans le prolongement d’une recension parue sur le site de La vie des idées, je reviendrai sur les principaux arguments du livre, qui mène une critique des positions foucaldiennes du point de vue de la théorie de la connaissance. Bien que convaincante à bien des égards, la position d’Engel reste néanmoins évasive sur le versant pratique du statut de la vérité chez Foucault. La question est de savoir quel type de paradigme analytique permet de rendre compte de l’implication de la vérité et des rapports de pouvoir. 

De ce point de vue, l’hypothèse foucaldienne de la vérité comme résultat d’un rapport de force paraît contrebalancée par sa critique ultérieure de la notion de répression (au point que pour beaucoup commentateurs, Foucault aurait renoncé au paradigme de la guerre pour penser les rapports de pouvoir, ce qui paraît pourtant contestable). Cependant, la construction théorique de Foucault paraît inachevée car on ne voit pas clairement dans quelle mesure une critique des rapports de pouvoir peut être reliée à une conception normative du rapport à la vérité. En d’autres termes, dans quelle mesure la critique foucaldienne de la notion de répression peut-elle être articulée à une conception positive des liens entre pouvoir et liberté ?