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Chloé MUTEAU-JAOUEN : La force de la parole. Communication, interactions, institutions

Soutenance

Le 14 octobre 2024

dirigée par Monsieur Denis Vernant

Cette thèse se penche sur la conceptualisation des actes illocutoires et son rôle en philosophie du langage, en se concentrant sur une famille particulière de théories des actes illocutoires (les théories institutionnalistes anti-intentionnalistes) que la thèse contribue à identifier et à situer dans le débat philosophique. John L. Austin a introduit la notion d’acte illocutoire pour rassembler sous une même catégorie générique un ensemble divers d'actions de la parole – promettre, affirmer, ordonner, demander, féliciter, etc. – en proposant de les définir principalement par leurs effets normatifs sur les interlocuteurs.

Les recherches d’Austin ont inspiré un riche débat philosophique sur la conceptualisation des actions de cette catégorie, de sorte qu’il existe à ce jour une multitude d’approches distinctes des actes illocutoires. En particulier, certains philosophes les voient comme étant des actions normatives effectuées au moyen de procédures reconnues socialement, tandis que d’autres insistent sur la reconnaissance par le destinataire de l’intention du locuteur au moyen d’inférences rationnelles. La thèse démêle les différentes positions en présence dans le débat, en tirant parti d’une distinction – qu’elle clarifie – entre deux composantes de la notion d’acte illocutoire. L'objectif principal de la thèse est de contribuer à la défense de l’approche institutionnaliste anti-intentionnaliste des actes illocutoires. Trois principales familles d’approches sont identifiées : les approches pragmatiques directes (action/réaction), les approches expressionnistes (expression d’états mentaux) et les approches institutionnalistes (modifications normatives). Deux types d’approches sont en outre distinguées au sein de chacune de ces trois familles : les approches intentionnalistes, qui expliquent les actes illocutoires par l’intention du locuteur, et les approches non-intentionnalistes, qui les expliquent par des procédures ou des normes sociales ou communautaires.

La thèse diagnostique un défaut dans les approches institutionnalistes anti-intentionnalistes existantes des actes illocutoires, consistant à mal distinguer entre les actions normatives et les actes de communication, ou à écarter l’analyse des phénomènes proprement communicationnels au profit de la seule insistance sur les conséquences normatives effectives des énoncés. Contre cette tendance, la thèse propose d’adopter une approche explicative des mécanismes d’accomplissement des actes illocutoires où les actions normatives et les actes de communication par lesquels ces actions normatives sont effectuées soient nettement distingués et articulés. La thèse propose d’envisager les procédures ou règles sociales par lesquelles les actes illocutoires sont accomplis en tant qu’actions normatives dans une perspective conventionnaliste et communautaire comme impliquant une référence à l’acte de communication conjointement accompli par les interlocuteurs. La thèse déploie en outre une réflexion sur le rôle joué par la référence à l’intention du locuteur dans l’explication des mécanismes d’accomplissement des actes illocutoires dans une perspective institutionnaliste anti-intentionnaliste (qui n’est donc pas conçue comme impliquant de rejeter toute référence au rôle joué par l’intention du locuteur dans l’explication des mécanismes d’accomplissement des actes illocutoires).

En définitive, ce travail défend une approche sociale du langage, où la communication linguistique est vue comme étant un phénomène fondamentalement institutionnel, reposant sur l’existence de normes sociales partagées, et cette défense est accomplie en apportant des solutions aux limitations d’une certaine famille de théories des actes illocutoires (les théories institutionnalistes anti-intentionnalistes), au moyen d’une réflexion sur l’articulation entre la normativité effective des énoncés et leur dimension proprement communicationnelle.

Date

Le 14 octobre 2024
Complément date

9h00

Localisation

Complément lieu

Maison des Langues et des cultures,

1141 avenue centrale,

Domaine universitaire 38400 Saint-Martin-d'Hères

Salle : Jacques Cartier

Publié le 1 octobre 2024

Mis à jour le 2 décembre 2024