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Présentation
Le projet de ce séminaire s’est imposé pour deux ordres de raisons. D’une part, les évolutions technologiques contemporaines ont engagé une série de modifications sur des plans très différents et dont on peine à mesurer la réalité : bouleversements sociaux sous l’effet de l’automatisation de la production et de la réforme de l’industrie en régime globalisé, transition énergétique globale à prévoir dans ses effets multiples, changements sociétaux permanents sous l’effet des innovations qui inondent les marchés de la consommation d’instruments variés, mutation anthropologique annoncée et redoutée dans l’ordre médical, biologique et éthique, promesses d’hybridation par l’intégration de prothèses permettant diverses augmentations corporelles-psychiques et pouvant conduire à une évolution des pratiques médicales, enfin, face à tout cela, de véritables défis cognitifs pour inventer les modes d’intelligence adaptés à une socialisation digne de ce nom. Jusqu’où vont ces évolutions ? Comment les appréhender ? Comment, en particulier, concilier la juste appréciation des changements induits par la technologie et la crise de plus en plus manifeste du paradigme progressiste hérité des Lumières et de la révolution industrielle ?
De l’autre, la proposition nous paraît s’imposer sur un site comme celui de Grenoble, qui aime précisément à se définir comme écosystème d’innovation ou même comme un territoire innovant exemplaire, selon une représentation partagée et propagée à la fois par les scientifiques et les ingénieurs, par les entrepreneurs et les industriels, enfin par les pouvoirs publics voire par les citoyens. Dans un tel contexte, l’approche critique de la philosophie permet de souligner que l’usage des techniques n’est jamais neutre, qu’il forme et déforme aussi fortement que de manière invisible le rapport de l’homme à ses semblables, à la nature et à lui-même, a fortiori quand il est quotidien et massif comme dans le cadre de nos sociétés de haute technologie. Cette approche est également problématique – car il s’agit de caractériser et de définir le phénomène technique qui, tant dans sa conception initiale, ses développements productifs, ses usages prévus ou imprévus que ses enjeux pratiques, éthique et politiques, apparaît irréductiblement complexe, parfois étrange voire mystérieux, toujours fascinant.
Le projet de ce séminaire poursuit des recherches engagées depuis de nombreuses années au sein de l’IPhiG. Il fournit également des opportunités pour associer à ces travaux des membres des collègues d’autres disciplines : en sciences pour l’ingénieur, en sciences de la nature et de la vie, en sciences humaines et sociales. Cette démarche d’élargissement disciplinaire se justifie par la nature plurielle du phénomène technique aussi bien que par le contexte de site grenoblois, où, dans le cadre de la nouvelle université intégrée Université Grenoble Alpes, les différents savoirs sont appelés à collaborer étroitement. Enfin, le séminaire fournit l’occasion de développer une dimension importante de la philosophie « pratique », probablement appelée à devenir importante en France dans les années qui viennent. On constate l’émergence de publications et de manifestations scientifiques qui, dans leur variété, attestent qu’il n’y a « une » philosophie de la technique, mais que, dans le champ ouvert par l’examen et la réflexion philosophiques de la technique, des divergences argumentées opposent les chercheurs sur les raisons épistémologiques, ontologiques, axiologiques et politiques. Le séminaire entend prendre acte de ces divergences et souhaite développer leur fécondité, en particulier en soulignant la dimension internationale de la recherche.
Séances 2020-2021 :
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